Aujourdh'ui, je vais vous faire un topo rapide sur mon avis concernant la serie The Eye initié en 2002 par les Fréres Pang, et son remake americain de 2008.
Le cinéma asiatique a parfois réussi à nous defoncer la rétine et le cervelet avec des films d'horreur assez effrayant. On notera au passage des chefs d'oeuvres comme "Deux Soeurs", "The Thing",
ou encore "The Grudge". Quoi qu'il en soit, et malgré la qualité quasi intouchable de certaines oeuvres venu de ce continent majestueux, les majors américains n'ont pas hesités à reprendre à leur
compte (et à leur compte en banque) certaines de ces petites merveilles. Le remake de "The Thing", à l'époque, m'avait fait grande impression, et aujourdh'ui, par pur tradition cinéphile, j'ai
décidé de visionner le remake yankee de "The Eye".
En 2002, j'avais invité une bande d'ami(e)s à venir voir cette pélicule qui payait pas de mine au cinéma Pathé de Disney. Grand bien m'en a pris, car je me souviens encore de nos mines déconfitse
et des grosses émotions que nous ont fournit ce visionnage.J'avais 15 ans à l'époque, et j'en ai 25 aujourd'hui.
Alors que dire de ce remake US? Voici mes impressions livrés sur le moments. Car oui, à l'heure où j'ecrit je suis en train de visionner le film.
Première impression :
Une scéne d'introduction atrocement chiante. Peut être est ce du au fait que je sache de quoi il en retourne, je trouve assez déplacé et mal choisi de montrer au spectateurs les prémisses de
l'histoire, la raison du film. Alors qu'en 2002, les fréres Pang nous laissaient imaginer ce que nous voulions sur les raisons du pourquoi du comment, et nous les livraient qu'en second tiers du
film, on est ici immédiatement envoyé au coeur du sujet. Une demoiselle mal dans sa peau, des gamins qui foutent le bordel, un truc flou qui se ballade... je ne vous spoilerai pas, mais
franchement, ça gache pas mal de plaisir.
J'ai également noté aussi ce fait. Alors que l'héroine asiatique n'était qu'une personne normale sans intérêt amené à sortir de l'ordinaire, on nous presente dés les premières minutes une Jessica
Alba un peu fantastique, dont la cécité a créé une sorte de "sur-femme" hyper sensible et prête à sauver la vie de tout le monde, y compris les squatteurs imprudents. C'est bad, ça casse
l'immersion ; on est face à un héro.
Et puis, toutes ces silhouettes qui fuient face à elle, c'est loin d'être stressant, car ça donne une indication rapide sur ce qui va suivre. Pas de suspense, ça pue... Et ça pue d'autant plus
qu'on comprend ce qui arrive aux apparitions (non je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler).
Juste une question : Pourquoi avoir faire parler madama Hillman, alors que dans la version originale (la même scénesans paroles) l'ambiance était
100 fois plus tressante, et les bruits de fond 100 fois plus parlant.
Mais ne nous attardons pas sur ces détails américanisants, ces mots lachés qui apparaissaient dans la version originale comme des non-dits énigmatiques, et qui ici s'essouflent à faire avancer un
scénario tout en le rendant prévisible au possible.
les enfants dans "The Eye" :
Ce film est un film d'horreur, et quoi de plus horrifique et destabilisant que de voir un enfant en difficulté? Globalement, on trouve 2 personnages enfantins dans ce film, la petite de l'hopital
(Alicia version US) et le petit garçon qui cherche son bulletin. Honnetement, chacun d'eux présente une des scénes les plus traumatisantes du film, surtout le p'tit gars au bulletin qui ne montre
jamais son visage dans la version originale. Je fustige aujourd'hui ces angelos pleins d'espoirs, auquel on s'attache facilement, et glorifie ceux de la version originale, dont on n'attend rien à
la base, mais qui fournissent des séquences d'émotions au top. Ici, on voit tout venir, c'est désolant!
Continuons notre petite critique vers un élément qui me frappe. J'en suis à la moitié du film et je remarque que la relation entre l'héroïne et son psy est trés étrange. Ce dernier se place en
qualité d'expert : "C'est qui qui dit de la merde, tu dois t'adapter, ce sont des images parasite" et bla et bla et bla.
Toutes les visions de notre jeune demoiselle m'amenent à penser qu'elle est victime d'un truc surnaturel. Bizarrerie! Tout ça me parait incohérent et typiquement américain. Chacun cherche de son
coté à trouver une explication rationnelle. C'est chiant! On s'en fout du rationnel. Soit tu vois rien et t'es normal, soit tu vois des ombres et tu cherches à comprendre ce qu'il se passe. Pour
faire la comparaison avec l'original "Pang", on était dans un monde de surnaturel, qui ne venait pas casser le réel mais lui offrir une perspective en plus. C'est typiquement ça qui me faisait
flipper à l'époque, l'incompréhension. Ici, c'est l'incohérence qui prime, mais pourquoi? Pourquoi ne pas se contenter de prendre tout ce qui arrive et d'en avoir peur, tout simplement? Sur ce
point, les ricains se sont loupés.
Mais redevenons positifs? Dans la version original, l'horreur se cantonnait à une bonne grosse demi heure de sueurs froides et de scénes irregardables, et pis aprés, plus rien. Dans cette version
US, le tout est dilué, et c'est d'autant plus agréable qu'on retient son souffle plus longtemps. Ceci dit, je n'en suis qu'à la moitié
Les raisons de la grosse flippe :
Dans la version US, et sans grand étonnement pour un étudiant de psycho comme moi (et oui, psychosociologie et psychologie interculturelle précisement), on nous laisse penser que la solution du
problème de l'héroïne se trouverait dans un héritage génétique abscon et pseudo-scientificisé. Quand on ne s'y connait pas, ça passe, ça semble plausible. Mais pour ceux qui ont vu l'original, la
solution proposé par les fréres pang se trouvait dans un aspect interculturelle : conception de la mort, existence et vie des fantomes,etc. Pour moi, l'explication originale me parait pas plus
convaincante, mais bien plus stressante. On ne cherchait pas, comme ici, à demontrer que le monde tournait dans un univers de cause à effet scientifiques, mais plutôt de croyances. Je me sens
moins destabilisé par la version US que par l'original, qui offrait aux spectateurs occidentaux une vision plus large du monde. Schizophrénie, science génétiques se melent dans notre version US à
des concepts vagues et floues sans grands intérêts. les frères Pang avaient la noblesse de juste dire "Ici, c'est comme ça qu'on pense, et c'est comme ça que le film tourne".
Revenons encore une fois à la relation de Jessica Alba avec son thérapeute : c'est horripilant!!!!! ><. D'un coté on semble avoir l'hysterique compulsive, et de l'autre, le savant qui,
lorsqu'il admet l'inadmissible, devient une forme de héro. C'est peu flatteur pour les personnages. Voici un dialogue cours qui resume parfaitement le truc :
_"Laisse moi t'aider, tout ce que tu vois n'est pas réel
_Si tu ne me crois pas, alors tu ne peux pas m'aider.
Respect! Transfert contre-tranfert au poil!
Et le Final!!!
Ayé, le film est terminé, et voici mon avis. De loin inférieur à la version originale, cette version US n'est pourtant pas à jeter tout de suite aux oubliettes. Certes, les partis pris sont
totalement americanisant, le traitement de la peur par la surprise, les dialogues de sourds entre les medecins "savant" et l'héroïne "sensitive". Le final apparait en premier lieu comme prenant,
mais lorgne vite comme la présentation d'un énième hero "Self Made Woman" qui aurait la possibilité de dejouer les plans de la mort quelques minutes avant qu'elle apparaisse.Ca me rappelle
Destination Finale.... L'ultime fin de cette version US présente un pouvoir nouveau, celui de defier les fantomes, alros que l'originale préferait
laisser place à une fatalité quasi greco-antique. C'est d'ailleurs là le point le plus frappant : les fréres Pang ont fait de leur héroïne un héro ordinaire en proie à un destin extraordinaire,
alors que les ricains n'ont produit qu'un genre de X-Woman hysterique sans grande envergure.
conclusion et note de la version US :
les +++
_ Un bon film de genre, surprenant et jouant plus sur la peur psychologique que sur la surprise
_ Un rythme bien supérieur à son homologue asiatique (et vraiment bien plus)
les -----
_ Un film peu cohérent
_ Des personnages qui se balladent entre fictions et réalités sans faire la part des choses
_ Un scénario manichéen et prévisible (la Mort est méchante! Of course)
_ Des fantomes peu charismatique, surtout si on la compare à l'orignial
_ (Et pour les pro de la psycho et de la socio) Le traitement interculturelle, psychologique et sociologique du théme du fantome, et de la mort. Ici, tout est vu d'un point de vue
positiviste universaliste américain (excusez les termes, mais c'est à peu prés ça), alors que les fréres Pang proposaient une vision singulière et unique du fantôme, à la lisière entre Silent
Hill et The Thing
Qu'est ce que je vous conseille?
Pour colmater la brèche intellectuelle faite par ce visionnage, je vous propose de voir ces 3 films, qui traitent des même sujet d'un autre point de vue
_ Silent Hill : Americanisant mais largement honnête
_ Dark Water : pour entrevoir ce qu'est le fantome asiatique
_ The Eye "Version Originale", un gros moment de FROUSSE, durant lesquels vous pourrez non seulement voir l'interprétation asiatique du fantôme mais aussi un univers "Taïwan" bien plus
crédible que celui de la version US
_ The Thing, l'intégrale américain et asiatique : Juste mythique...